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Inexorable - Claire Favan

Vous ne rentrez pas dans le moule ? Ils sauront vous broyer.

Inexorables, les conséquences des mauvais choix d’un père.

Inexorable, le combat d’une mère pour protéger son fils.

Inexorable, le soupçon qui vous désigne comme l’éternel coupable.

Inexorable, la volonté de briser enfin l’engrenage…

Ils graissent les rouages de la société avec les larmes de nos enfants.

"Pour moi la différence, c'est lorsque même quand je n'avais rien fait, c'est toujours moi qu'on punissait. Et plus ils agissaient ainsi et plus je perdais le contrôle, et plus je leur donnais raison de le faire."

Avis :

Certaines lectures vous transcendent et vous touchent plus que d'autres en prenant un ton et une ampleur différente... Inexorable a été pour moi une lecture bouleversante et touchante quant au thème abordé. Les apparences sont souvent trompeuses, car si vous vous attendez à quelque chose comme Dompteurs d'Anges ou Serre-moi fort de l'auteur, vous serez quelque peu déçu(e)s. Inexorable est différent. Là est le mot que je retiens de ce roman issu de la rentrée littéraire 2018. 

Inexorable, c’est l’histoire d’Alexandra, Victor et Milo. Alexandra et Milo voient leur vie drastiquement changer après que Victor, le père de famille, se soit fait arrêter brutalement par la police, et ce devant les yeux de Milo, quatre ans. Dès lors, Milo va changer du tout au tout, devenant un enfant violent et rejeté par tous ceux qui croisent son chemin, lui faisant au passage vivre un enfer. 

J'ai été extrêmement touchée par la situation de Milo, un enfant différent et rejeté à l'école. Je l'ai été de la maternelle au collège et ce roman m'a énormément bouleversée car je me revoyais à l'école, tout le temps seule, à l'écart des autres, avec des professeurs qui ne comprenaient pas pourquoi j'agissais comme cela. Certes, je n'ai pas eu ce traumatisme qu'a eu Milo, mais c'était un sentiment que j'ai vécu et qui m'a fait du bien et du mal à la fois. Du bien parce que je suis contente que quelqu'un mette des mots sur le fait qu'on rejette automatiquement la faute sur l'enfant différent alors qu'il n'a souvent rien fait (c'est plus facile de rejeter tout sur la tête de turc habituelle que de chercher le véritable fautif). Du mal parce que tout ce que j'avais enfoui au fond de moi concernant cette période est remontée à la surface et que quand on enfoui toujours tout ce qui fait du mal, ça fait souvent effet boomerang et t'explose à la tronche

Alors oui, ce livre fait 'polémique'. J'ai vu des notes horriblement basses (3/10 ? Sérieux ?) pour ce roman. D'un côté, je comprends que ce roman est à l'opposé de ce que propose Claire Favan d'habitude. C'est moins sombre, il n'y a pas ou peu de rebondissements, le roman se passe en France (contrairement aux autres romans qui se passent aux États-Unis). Mais c'est pas pour autant que ça m'a dérangée - au contraire, j'ai adoré ! Forcément, si vous cherchez un thriller de malade, vous allez être déçus car ce n'est pas ce que vous trouverez dans Inexorable (Claire Favan avait d'ailleurs prévenu que ce roman ne serait pas dans la lignée des précédents). Oui, ce roman fait "le procès de la société", et non on ne "parle pas des autres victimes", pour reprendre les dires d'une Bookstagrammeuse. Mais en même temps quand la société te met une étiquette sur le dos dont tu mets des plombes à te défaire, y a de quoi faire un procès de la société. Et si Claire Favan ne parle pas des autres victimes, c'est parce que c'est un choix volontaire de sa part et qu'elle a décidé de se focaliser sur Milo, ce que je trouve normal. 

Concernant les personnages, j'ai été extrêmement touchée par Alexandra et Milo. Alexandra, mère de Milo, qui se retrouve seule à le gérer et qui n'aura pas de limites pour le protéger de la société. Leur relation va être mise à mal par la société elle-même et par les règles qui ont été mises en place. Comment défaire cette 'réputation' et casser les engrenages afin que Milo puisse enfin vivre une vie normale ? Milo, de par sa différence, m'a encore plus touchée. Je me suis revue gamine, seule dans la cour de l'école à regarder les autres jouer, punie dans le couloir de l'école parce que j'étais intenable, pleurant parce que la directrice m'avait mis une claque, collée pour quelque chose que je n'avais pas fait mais dont on n'avait même pas cherché à discuter. 

Gabriel, le fils de Claire Favan, et qui a fait la préface du roman, m'a aussi touchée parce que son point de vue à lui est touchant et nous parle de ce que lui ressent en étant différent, de sa souffrance, de son combat quotidien.

J'ai alors compris, avant même d'entamer le premier chapitre, que ce serait dur et compliqué de lire ce roman et que j'en ressortirais bouleversée, ce qui a, bien évidemment, été le cas. Même si vous n'avez pas été rejeté et que vous avez un peu de cœur, vous prendrez (peut-être) conscience de beaucoup de choses. 

En jetant un pavé dans la mare, Claire Favan a fait très fort - peut-être trop fort pour certains - et je la remercie d'avoir écrit ce roman parce que c'est un véritable chef d'oeuvre et une ode à la différence !

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